Migration : « Interrompre la chaîne de morts »

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Couloir humanitaire

Chronique diffusée le lundi 8 février à 6h28 sur les ondes de “RTS La Première”:

Une famille de réfugiés syriens est arrivée à Rome, à la fin de la semaine dernière, sans passer par les filières périlleuses de la migration. Ceci grâce à des couloirs humanitaires Marie-Claude Cudry.

Ils sont quatre, en effet, à avoir atterri jeudi sur le sol italien en provenance d’un camp de réfugiés au Liban. Mis sur pied par la Fédération des églises protestantes italiennes et le mouvement catholique Sant’Egidio, en partenariat avec l’Etat italien, ces couloirs humanitaires vont permettre à des personnes particulièrement vulnérables de rejoindre l’Italie en toute légalité. Environ mille réfugiés sont attendus au cours de ces prochains mois grâce à cette opération. Une fois arrivés en Italie, ils se voient offrir un programme d’intégration qui prévoit l’apprentissage de l’italien, la recherche d’un emploi et l’inscription à l’école pour les mineurs. Ce soutien économique est possible notamment grâce à l’impôt « Huit pour Mille » versé par les contribuables italiens.

Sur quelle base juridique cette opération est-elle possible ?

Dans le règlement du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne, il est prévu un article intitulé, je cite, « code communautaire des visas ». Celui-ci autorise un Etat de l’espace Schengen, donc y compris de la Suisse, de pouvoir accorder des visas limités à son territoire pour des raisons humanitaires. Cette initiative œcuménique permet ainsi au migrant de faire une demande d’asile dans un pays de son choix et surtout d’éviter de mettre sa vie en danger. L’intérêt principal étant, comme le martèle Andréa Riccardi, fondateur de Sant’Egidio, « d’interrompre la chaîne de morts ». Selon l’Organisation internationale des migrations, plus de 3’700 personnes ont disparu l’année dernière en mer Méditerranée.

Cette initiative fait-elle des émules en Europe ?

Les deux partenaires italiens, à l’origine de ces couloirs humanitaires, le souhaitent. Car il s’agit, comme le souligne le secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, « d’un modèle pour l’action commune des Eglises, des gouvernements et de la communauté internationale dans l’intérêt de l’humanité ».