Droit à l’école, droit à un avenir (5/5)

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Newsletter du 10 août 2014

 

Chers amis,

Nous souhaitons profiter de ces temps d’été pour partager quelques récits de vie d’enfants roms que nous accompagnons à Lausanne.

Dernier récit, celui d’un autre Nicolae.

Comment cela se fait-il que ce grand adolescent  aux yeux doux n’ait jamais appris ni à lire ni à écrire ? L’école ne l’a pas accepté, explique sa maman. C’est un enfant très réservé; il est lent.

La famille de Nicolae vient de la région roumaine de Alba Spatak. Le père de Nicolae a travaillé pour l’usine Lavac jusqu’à la chute du régime Ceaucescu. Il a alors tenté de trouver du travail dans plusieurs pays européens (Pologne, France et Suisse). Mais sans grand succès.

Il y a une dizaine d’années, les parents ont confié leurs quatre enfants à une grand-mère et sont partis chercher du travail en France. Le père y a fait des petits boulots et la maman y a mendié. Ils ont vécu dans les régions de Grenoble et de Lourdes. Mais la crise économique s’est fait sentir là aussi et les petits boulots se sont raréfiés. Alors la famille a tenté sa chance en Suisse.

En 2013, Nicolae a rejoint ses parents à Lausanne. Sans logement, il a dormi avec eux, son frère et sa belle-soeur dans une voiture. Par tous les temps.

Nicolae, dernier de quatre garçons, aime aider sa maman dans le ménage et la cuisine. Mais, quand il a appris que son cousin allait avoir la possibilité d’aller à l’école, il a surmonté sa timidité pour demander que cela soit aussi le cas pour lui. Ses parents l’ont alors fortement encouragé. Aujourd’hui, la maîtresse souligne son bon comportement et son application.

Après cinq mois, Nicolae est très content. Même s’il est conscient de la lenteur de ses apprentissages. Rien n’est facile pour lui. Mais il s’accroche, il persévère et ne lâche rien. Il aimerait plus d’heures d’école. Il exprime aussi profondément sa reconnaisse. Lui, le dénigré, est dorénavant un homme debout. Il est fier de ce parcours. Peut-être pourra-t-il devenir un jour mécanicien ?

Mais quel avenir pour lui aujourd’hui? Ses parents ne voient pas où s’installer pour vivre. Pas de maison en Roumanie ni de travail. Et rien ici en Suisse. Les revenus de la mendicité se font de plus en plus faibles et la police intervient quotidiennement pour amender lourdement le « camping sauvage » (150 CHF / par personne!). La seule chose sûre, c’est que Nicolae est motivé à poursuivre ses études et que l’école lausannoise lui en offre la possibilité.

Depuis le 6 juillet, Nicolae et sa famille dorment à nouveau dans leur voiture. Ils sont cinq mais sa belle-soeur est enceinte. Aujourd’hui, ils espèrent trouver un abri simple et au sec. Sachant que la ville de Lausanne ne va rien leur proposer.

Droit à l’école, droit à un futur: la spirale de la misère peut être rompue, mais pas sans un minimum de sécurité et de stabilité! Le logement en fait partie.

 

Merci de porter avec nous ces histoires de vie.
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