Allez, allez ! Soufflez ! Fort !

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Notre présence auprès des migrants nous met parfois en contact avec des situations dramatiques. Le désespoir d’une maman kosovare a inspiré ce texte à l’une d’entre nous :

“Donc, on s’en souvient, Sant’Egidio , c’est cet ermite, dont la légende dit qu’une biche, affolée par la course des chasseurs, s’est réfugiée dans ses bras ; et que la flèche qui devait transpercer sa chair s’est ainsi plantée dans la main de son sauveur.

Alors aujourd’hui, Sant’Egidio, nous nous adressons à vous : notre amie kosovare et ses 3 enfants sont menacés d’expulsion. Elle est en plein tunnel, et il n’y a pas de lumière au bout. Rentrer chez elle ?  Impossible ! Aucune perspective, aucun soutien. Juste de l’hostilité. Il faut que vous suggériez  à l’oreille de Celui que vous connaissez peut-être bien maintenant, une marche à suivre :

a) qu’Il envoie à notre amie une montagne de force pour qu’elle se lève le matin, qu’elle donne à déjeuner à ses enfants, et les envoie à l’école, et après seulement,  qu’elle  laisse couler ses larmes, tout en essayant d’avancer dans la journée, minute après minute.

b) qu’Il nous ébouriffe de son Souffle créateur, nous qui avons pour vocation d’entourer les biches de nos bras. D’ailleurs, ça tombe bien : on va justement commémorer ce dimanche, le jour fou, où les tout proches de Jésus, encore hébétés sans doute par tout ce qu’ils venaient de vivre, et n’y comprenant rien, se sont levés, mus par  une inspiration aussi soudaine qu’annoncée par Lui, et sont partis sur les routes, pour commencer l’épopée inimaginable de l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Bien sûr, pour nous, c’est plus compliqué que pour vous avec la biche – d’accord, ça a dû faire mal, cette flèche dans la main-  parce que les chasseurs, ce sont les autorités et les lois de notre pays. On est mal pris, ça tourne trop vite dans nos têtes, et il y a une chose que nous ne supportons pas : l’impuissance face à l’absolue détresse sous nos yeux.

Alors, dites-Lui, insistez : il faut qu’Il souffle rapidement.  Et fort.”

Texte rédigé par Aline, bénévole de S. Egidio