Zoom sur la situation tunisienne

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Rakia Chehida, Secrétaire générale de la Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort, était l’hôte de la Journée “Villes pour la vie, villes contre la peine de mort” le mercredi 30 novembre 2016 à Lausanne. Très impliquée dans la lutte contre la peine de mort, elle a décrit l’état du débat abolitionniste dans son pays et évoqué les conditions de vie des condamnés à mort.

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Abondamment pratiquée durant la présidence Bourguiba, la peine de mort a notablement reculé après l’accession au pouvoir du président Ben Ali, en 1987. Suite à la chute de ce dernier, en 2011, un débat s’est ouvert sur l’opportunité d’abolir la peine de mort. La nouvelle Constitution, adoptée en 2014, souligne le droit à la vie… mais sans exclure l’application de la peine de mort.

Le pays vit cependant un moratoire de fait sur les exécutions et a soutenu en 2012 et en 2014 la proposition de l’ONU d’établir un moratoire mondial en vue d’une abolition de la peine de mort.

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En Tunisie, la peine de mort constitue encore aujourd’hui un enjeu politique et certains partis, comme les islamistes, réclament ouvertement son maintien. La nouvelle législation contre le terrorisme, adoptée en 2015 à l’unanimité des parlementaires, lui donne d’ailleurs une nouvelle légitimité populaire. Près de 80% des Tunisiens en seraient encore partisans. “Je me sens souvent en décalage” a souri Rakia Chehida, qui dit affronter des conversations très musclées à ce sujet au sein-même de sa famille.

Elle n’est cependant pas sans espoirs et a raconté les visites qu’elle-même et les autres membres font dans les écoles du pays pour convaincre la jeune génération que la peine de mort est un châtiment inefficace, inhumain et dégradant.