La préparation de Noël bat son plein. Ce moment d’intenses activités en vue du 25 décembre a inspiré un texte à l’une d’entre nous :
Cela ne vous aura probablement pas échappé, le monde dit chrétien s’apprête à fêter Noël. Et cela veut principalement (ou peut-être même essentiellement pour beaucoup) dire corvée ou, moins sévère, course aux cadeaux, effervescence en ville, énervement.
Et voilà que surgit au détour d’un article du quotidien français « La Croix » ce commentaire du rabbin lituanien Israël Salanter (1810-1883) à propos des obligations d’Abraham à l’égard d’autrui : « Les besoins matériels de mon prochain sont des besoins spirituels pour moi ». Ah bon ?
Alors lorsque la petite troupe de Sant’Egidio débarque chez les migrants de l’EVAM à Vennes, avec le chocolat, le pain, les œufs, les mandarines, et le fromage, pour les partager avec Fouad, Hamid, Hanan, Najim, Edona et les autres, qu’elle apporte aussi des vêtements, des crayons de couleur et du papier pour les enfants, cela veut donc dire que chacun des membres du groupe de Sant’Egidio prend simultanément soin, de ses propres besoins spirituels ?
Le rabbin est catégorique : il ne saurait y avoir de spiritualité authentique coupée de toute attention à la vie matérielle de mon prochain, et répondre aux besoins de ce dernier, c’est précisément signifier qu’autrui vaut davantage que ses besoins matériels.
Et que sera alors la fête de Noël organisée par la communauté lausannoise de Sant’Egidio pour tous ces requérants d’asile déboutés, souvent à l’aide d’urgence depuis des années, qui ne veulent absolument pas rentrer chez eux, et dont l’énergie se dissout dans une vaine attente de solution à leur situation ? On l’espère, et on l’entrevoit : un haut moment de mêli-mêlo entre besoins matériels et spirituels, qui danseront la farandole et s’entrecroiseront en se faisant des clins d’yeux, au gré des tables, slalomant entre assiettes de couscous et friandises.
Texte rédigé par Aline, bénévole de S. Egidio