“Droit à l’école, droit à un avenir” continue

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Gelem, Gelem, lungonem dromenca, maladilem baxtale rromenca.
J’allais, j’allais, sur la grande route, et j’ai rencontré des Rroms heureux.
 (chanson rrom)

Cet automne se poursuivra à Lausanne le programme “Droit à l’école, droit à un avenir” que soutient S. Egidio en partenariat avec l’association OpreRrom, le médiateur rrom Ilie Weischnur, le structure Point d’Appui et le CREAL (structure scolaire pour les élèves allophones).

Ce programme est conçu pour faciliter l’intégration scolaire d’enfants rroms de Lausanne. Ses objectifs sont de:  favoriser la fréquentation scolaire régulière des élèves rroms ayant leur domicile habituel sur la commune de Lausanne et prévenir l’implication des enfants dans des activités de mendicité et éduquer au vivre ensemble entre personnes différentes.

Ce programme tente de contribuer à lever les obstacles en matière d’égalité des chances quant à l’accès à l’école publique pour ces enfants vivant dans une très grande précarité.  Depuis 2014, des contrats de financement et d’accompagnement des études ont été conclu pour six enfants.

Pour l’année scolaire 2015-2016, ce sont Nicolae, Lae, Angel, Rusalim, Larisa et Madalin et leurs familles qui ont été accompagnés dans leur scolarité.

Une année scolaire marquée par des résultats très positifs, mais aussi par des difficultés. Voici deux exemples de parcours cette année. Celui de Larisa qui n’est pour l’instant plus scolarisée et celui de Nicolae, analphabète en 2014, et qui travaille aujourd’hui:

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Au printemps 2016, Larisa, 7 ans, a dû interrompre sa scolarité faute de logement à Lausanne pour elle et sa famille. Scolairement brillante et appréciée de tous, Larisa a dû quitter l’école pour renter en Roumaine. Aujourd’hui, nous espérons trouver des solutions pour elle et sa famille (qui s’est agrandie d’une petite sœur) afin qu’elle puisse retrouver ses camarades de classe à Lausanne ou s’en faire de nouveaux en Roumanie.

Car, en Roumanie, elle n’est malheureusement pas scolarisée. La pauvreté et la défiance des Rroms à l’égard de l’institution scolaire roumaine l’expliquent en partie. Et cette non-scolarisation, une habitude prise après des années de discrimination subie par les familles rroms de sa région, est une donnée difficile à modifier. Mais nous ne désespérons pas et des voies s’ouvriront sûrement pour Larisa. Pour l’instant, ses parents ayant comme projet de revenir à Lausanne, nous avons décidé de payer son assurance maladie en Suisse jusqu’à la fin de l’année, afin de lui laisser le plus de chance possible. Sa maîtresse d’école lui a d’ailleurs envoyé du matériel scolaire.

Nicolae, lui, a fêté ses 18 ans en été 2015 et il a donc quitté l’école obligatoire. Depuis lors, il a bénéficié de mesures préprofessionnelles dispensées par l’OSEO. Au programme de cette année 2015-2016: du soutien en français et en mathématiques et des stages dans les domaines du nettoyage, du paysagisme et de l’agriculture. Apprenti apprécié de tous, très sérieux et appliqué, Nicolae s’est distingué par son engagement et sa motivation toute cette année. Son dernier stage, au mois de mai chez un paysan de la région lausannoise, l’a encouragé à soumettre à ce dernier une offre de travail. Et depuis juin 2016, Nicolae est engagé comme stagiaire et reçoit un petit salaire. Toutes les démarches de régularisation ont été entreprises.

L’évolution positive de la situation de Nicolae et, par ricochet, de sa famille, nous encourage à continuer à accompagner les autres enfants du programme « Droit à l’école, droit à un avenir », malgré les très nombreux écueils (pressions policières sur la population rrom, intensification de la répression de la mendicité, précarisation toujours plus forte du logement, mariages précoces, difficultés de prise en charge des enfants avec troubles du comportement, …).

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 Une nouvelle élève a rejoint le programme. Il s’agit de Narcisa, 4 ans, à droite sur cette photo, qui va intégrer le Cycle initial. Elle a déjà son sac d’école et une petite table pour ses devoirs chez la personne qui l’héberge, elle et ses parents.