“Ils écrivent aux condamnés” (Le Matin, 30.11.2012)

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«Je devine le moral d’Alonzo au nombre de ratures» (Double page parue le 30 novembre 2012 dans le quotidien “Le Matin”, avec une interview de Fabien Hünenberger à propos de sa correspondance avec Alonzo Burgess, dans le couloir de la mort en Alabama, USA).

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Pour l’écrasante majorité de ceux qui le connaissent, Alonzo Burgess n’est qu’un toxico qui a massacré sa copine et ses deux enfants à coups de cric. Pour Fabien Hunenberger, le condamné à mort de 51 ans est avant tout quelqu’un qui fait partie de sa famille, son « frère des USA ».

En 12 ans de correspondance, les deux hommes ont noué une improbable amitié. «Si je ne lui écris pas trop longtemps, je me sens comme si je n’avais pas pris de nouvelles de ma mère, explique le journaliste de 43 ans. Je devine son état au nombre de ratures que comportent ses lettres.» Alonzo y parle avec des mots simples de sa passion du whisky, des poissons qu’il pêchait enfant ou de conquêtes féminines aujourd’hui bien lointaines. Fabien lui raconte ses vacances, ses lectures ou sa vie de jeune papa. «On est sa fenêtre ouverte sur le monde.»

Les deux hommes se sont rencontrés une fois en chair et en os à
la prison d’Atmore, en Alabama.«On s’est donné l’accolade et on a parlé 6 heures.» Alonzo, qui n’a jamais de visites, apprécie les moments de chaleur humaine que lui procure son ami suisse. «C’est une personnalité borderline mais attachante que je refuse de résumer à ses actes criminels », assène Fabien. Le Lausannois
s’est lancé dans cette aventure car il est un fervent catholique. «Même à une échelle microscopique, c’est une manière de
changer le monde. » ●

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