Du couloir de la mort, Kenneth Reams téléphone à ses amis lausannois

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“Bonsoir”. L’accent américain est clairement audible dans la voix qui sort des hauts-parleurs, mais la salutation va droit au cœur des quelque cent personnes réunies à Lausanne, à la Maison Sous-gare, le jeudi 28 novembre 2019 : Kenneth Reams, détenu dans le couloir de la mort en Arkansas, est au bout du fil.

C’est Anne-Frédérique Widmann, journaliste et documentariste suisse, qui tient en main le smartphone et converse avec Kenneth Reams, traduisant au vol les propos de cet homme détenu à la Varner Unit, le couloir de la mort de l’Arkansas et lui relayant les questions du public.

Ce moment d’échange a été précédé de la projection du documentaire “Free men”, sorti en février 2019. Ce film sur Kenneth Reams, signé Anne-Frédérique Widmann, revient sur la vie de cet Afro-américain né en 1974 à Pine Bluff (Arkansas) et dont l’enfance a été marquée par la pauvreté, les abus, les négligences et le crime. En 1993, Kenneth Reams a été condamné à mort pour son rôle de complice dans une tentative de vol ayant entraîné la mort d’un homme. A 18 ans, il est devenu le plus jeune condamné à mort de l’Etat.

Jeudi 28 novembre, Kenneth était porteur d’un message pour le public réuni à Lausanne pour faire sa connaissance. “La première chose que j’aimerais dire est la suivante. Ce n’est pas seulement l’intellect qui vous mènera à faire les bons choix dans la vie et vous conduira sur le droit chemin. Vous devez apprendre l’art de ne pas seulement écouter votre tête mais l’art d’écouter votre cœur quand vous cheminez dans la vie”.

Dans sa “conversation” d’une demi-heure avec le public lausannois, Kenneth Reams est revenu notamment sur ses conditions de détention, sur sa culpabilité et son rapport avec la famille de la victime et sur ce qu’il rêve d’accomplir s’il sort de prison. Un moment intense prolongé par une discussion avec Anne-Frédérique Widmann sur les conditions de réalisation du film et avec les organisateurs de la soirée sur les aberrations scandaleuses du système judiciaire américain. 

Le projection de “Free men” et la conversation téléphonique avec Kenneth Reams constituent le premier acte de la manifestation “Villes pour la vie, villes contre la peine de mort” à Lausanne, coorganisée par l’Action des chrétiens contre la torture et la peine de mort, Amnesty International, lifespark et la Communauté S. Egidio. Tous les 30 novembre, “Villes pour la vie, villes contre la peine de mort” réunit environ 2000 villes du monde dans une commune demande d’abolition de la peine de mort.