Droit à l’école, droit à un avenir (4/5)

Print Friendly, PDF & Email

Newsletter du 10 août 2014

 

Chers amis,

Nous souhaitons profiter de ces temps d’été pour partager quelques récits de vie d’enfants roms que nous accompagnons à Lausanne.

Après les récits de Nicolae, Rusalem et Daniel, voici celui de Larisa.  

 

Larisa danse, tourne sur elle-même et ses petites nattes sautillent avec elle. A cinq ans, tout va vite: l’enfant est une éponge qui se gonfle d’expériences stimulantes du quotidien. Depuis le mois de mars 2014, Larisa rentre de l’école et babille en français. Elle parle de ses copines, nous montre des photos. Au sein de la communauté rom de Lausanne, c’est ce petit bout de chou qui parle le mieux le français!

Intégrée dans une classe ordinaire, elle a participé à la fête de son école, s’est déguisée en chouette pour une mise en scène avec ses camarades et a défilé à travers la ville avec toutes les écoles de Lausanne. Tous les mercredis, c’était “école en forêt”: rien que du bonheur pour elle. Pas de traitement particulier pour Larisa en classe, hormis quelques périodes de soutien hebdomadaire pour le français.

Lors de l’entretien préalable à sa scolarisation, ses parents ont découvert que leur fille était gauchère et qu’elle aimait dessiner. Elle savait compter jusqu’à dix et différenciait bien les couleurs et l’enchaînement des formes.

Le 3 mars, premier jour d’école, papa et maman ont découvert la classe et les maîtresses de leur fille. Pour eux, c’était la première fois qu’ils mettaient un pied dans une école. A se demander qui, des parents ou de l’enfant, était le plus intimidé, le plus curieux. Car Elena, la mère, est analphabète et son mari, Anton, maîtrise juste un peu l’écrit et la lecture.

Etre analphabète dans nos villes c’est galère. Lorsqu’il a fallu expliquer à Elena quel bus prendre pour se rendre à la fête de l’école son désarroi s’est fait sentir. Comment reconnaître un bus quand on ne maîtrise même pas la lecture des chiffres ?

Au mois de mai, Anton a été incarcéré car il n’était pas en mesure de payer de multiples amendes reçues principalement pour camping illégal sur la voie publique et mendicité. Une grande épreuve pour la famille! Sorti de prison, le père a dû aller se faire soigner en Roumanie, accompagné par son épouse.  

Larisa a continué l’école à Lausanne car, malgré la grande fragilité psychique du papa et l’éloignement de ses parents, l’école est primordiale pour cette famille. Oncle et tante se sont donc relayés auprès de Larisa pour maintenir sa fréquentation scolaire.

Selon l’évolution de la situation, Larisa pourra poursuivre ou non sa scolarité le 25 août. Dans l’affirmative, elle retrouverait la même maîtresse et les même camarades, gage de stabilité et de sécurité dont elle a grandement besoin.  

Droit à l’école, droit à un futur: la spirale de la misère peut être rompue, mais pas sans un minimum de sécurité et de stabilité! Le logement en fait partie.

 

Merci de porter avec nous ces histoires de vie.
Ensemble, on a plus de ressources et d’idées.